Carl R. Rogers est
né le 8 janvier 1902 à Oak Park, dans l'Illinois,
dans la banlieue de Chicago aux États-Unis.
Très tôt, il apprend dans sa famille la religion chrétienne et le sens du
devoir. Vers 12 ans, ses parents s'établissent dans la région comme
agriculteurs, au contact de la nature. Il cherche alors sa voie, fréquente l'Université du Wisconsin, prend des cours d''agriculture
puis la théologie jusqu'en 1922 lors d'un voyage en Chine où
au retour, il décide de se tourner vers la psychologie
au Teachers College de l'Université Columbia.
Il en sortira en 1931 comme psychologue clinicien.
Les trois
attitudes rogériennes
Dans l'approche « rogérienne »,
le thérapeute doit être un exemple d'authenticité pour
son patient, à la fois pour éviter tout langage paradoxal
[1] et pour que son patient sache bien qu'il le considère comme
son égal, simplement un être humain. Cette approche signifie qu'il y a
parallèle entre l'expérience et la prise de conscience, selon la terminologie
de Rogers : congruence, qu'on
peut traduire par cohérence étroite entre le Moi-Idéal, image absolue de soi,
et le Moi-Vécu du thérapeute.
L'empathie,
le partage des mêmes sentiments, des mêmes affects, se manifeste par nombre de
messages, qu'ils soient verbaux ou non-verbaux. La verbalisation prend la forme
de répétitions ou de reformulations à partir des éléments-clés de ce qu'exprime
le patient, au-delà du seul langage phatique. Quand ces
conditions sont réunies, quand le soignant se moule dans le cadre de référence
de son patient, il est en mesure d'adhérer à la situation décrite et vécue par
l'Autre, de comprendre et de le rejoindre dans la compassion.
La
non-directivité implique de vouloir aller vers l'Autre a priori, attitude empathique
ou ou considération positive, et d'avoir assez de recul pour être d'une
objectivité qui ignore le jugement, préparant ainsi l'accueil
inconditionnel du patient. L'Autre est accepté telle qu'elle est, dans
l'Ici et maintenant, dans toute sa dimension humaine et ce qui constitue
sa personnalité; ce qui implique une attitude humaine, chaleureuse et
encourageante.
Attitude a priori
et aide non-directive sont les deux techniques de base
des savoir-être et savoir-faire que le thérapeute-conseiller doit dispenser.
L'intérêt de Carl Rogers
s'est aussi porté sur les domaines pédagogique et de la résolution des conflits
internationaux. Il inspira ou influença les pédagogies libertaires, ceux qui,
tel Daniel Hameline, promouvaient la pédagogie
non-directive et ceux qui travaillaient dans la pratique du soutien s'est
également psychosocial aux victimes de catastrophes.
Il a été avec un pionnier avec Abraham
Maslow, en matière de créativité personnelle, pensant que l'être
humain comme la vie dont il est la meilleure expression, possède des ressources
créatives insoupçonnées, écrivant par exemple dans son ouvrage le plus connu,
en France en tout cas, Le développement de la personne, « La vie à son
meilleur est un processus fluide et changeant en lequel rien n'est fixé. »
A partir des années soixante, il a
exercé une grande influence en France dans les domaines de la psychosociologie
et de l'éducation, nombre de praticiens, chercheurs et auteurs participèrent
aux manifestations qu'il animait avec; notamment, Jacques Ardoino,
Max Pagès, Roger Mucchielli
ou Philippe Meirieu.
L'approche
centrée sur la personne
Les phrases et les expressions empathiques du praticien sont centrées sur la personne, sa façon de vivre les événements sur le plan affectif. Ceci doit mettre le patient dans de bonne dispositions a priori, augmenter sa réceptivité pour désamorcer le plus possible les souvenirs affectifs des expériences vécues et des appréhensions. De son côté, cette technique permet d'éviter de catégoriser ce qu'exprime la personne en l'autorisant à formuler de manière simple ou même non verbale ce qu'elle ne peut exprimer, soit parce que la situation émotionnelle est trop forte, soit parce qu'elle ne trouve pas les mots pour la formuler clairement.
Comme technique d'approche, Rogers
propose un auto-questionnement sous la forme "Suis-je authentique et
ai-je bien conscience de qui je suis ?", "suis-je
capable de relations positives et ai-je la force d'être distinct(e) de
l'autre ?" et "ai-je assez de sécurité intérieure pour
laisser l'autre libre ?"
De même en ce qui concerne le
rapport empathique : "Jusqu'où cette personne peut-elle aller ?",
"Puis-je accepter l'autre tel qu'il est et puis-je lui apporter la
sécurité dans notre relation, sans jugement ni évaluation ?",
"Puis-je la voir "en développement "?"
En matière d'empathie,
l'expression du soignant, les phrases qu'il prononce sont toujours centrées sur
le patient et son affectivité. Cette technique doit faciliter la relation par
accompagnement ciblé et permettre à la personne de mieux appréhender les causes
de ses difficultés affectives selon ses expériences vécues et ses peurs. Pour
le soignant, elle doit éviter toute risque d'interprétation, de juger selon les
difficultés d'élocution ou à l'importance des silences.
Pour cela, il a souvent recours à
la reformulation qu'on trouve dans les exemples suivants :
"Vous avez le sentiment d'être impuissant face à…", "Vous
éprouvez une frustration par rapport à…" ou "Vous ressentez
un malaise… de la rancune…"
Œuvres traduites en français
- 1974. Réinventer le couple, éditions Robert Laffont.
- 1973. Les groupes de rencontres, Dunod.
- 1972. Liberté pour apprendre, Dunod.
- 1971. Autobiographie, éditions Epi.
- 1963. La relation thérapeutique : les bases de son efficacité Bull. de Psychologie, 17, 1-9.
- 1962. Théorie et recherche. In M. Kinget et C. Rogers, Psychothérapie et relations humaines, vol. I, 146-306, Paris Nauwelaerts
- 1962. Enseigner et apprendre. Éducation Nationale, no 22, 12-14.
- 1961. Le développement de la personne (On Becoming a Person), Dunod, 2005, 270 p. (ISBN 2100492381)
- 1959. Psychothérapie et relations humaines, Louvain, Béatrice Nauvelaerts, 1962, 2 vol. , 333 p. et 260 p.
- 1959. La communication. Hommes et techniques, no 169, 132-136
- 1959. Conditions nécessaires et suffisantes d'un changement de personnalité en psychothérapie. Hommes et techniques, no 169, 150-157
- 1942. La relation d'aide et la psychothérapie, ESF éditeur, 2008, 235 p. (ISBN 978-2-7101-1948-7)
Notes et références
[1] L'expression paradoxale repose
sur une contradiction qui peut être par exemple du type opposition entre
verbalisation (ce que je dis) et gestuelle ( ce que je montre) indiquant une
non correspondance entre les deux formes d'expression
[2] Fonction du langage qui repose
uniquement qui la forme, par exemple redondance pour s'assurer d'être bien
écouté ou bien compris, évoquer "la pluie et le beau temps" pour
maintenir une interaction sociale minimale entre des personnes.
Voir le site Psychosociologie-Pédagogie : Relations humaines
Voir le site Psychosociologie-Pédagogie : Relations humaines
<<< Christian Broussas - Carl Rogers -
19/02/2010 - • © cjb © • >>>
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