Elle s'appuie essentiellement sur
les notions d'écoute empathique, de relation d'authenticité et d'absence de
jugement entre les personnes.
1-
Présentation
Le psychosociologue américain Carl Rogers a largement influencé la façon de concevoir les relations humaines dans le domaine thérapeutique qui était son principal champ d’application mais aussi dans tous les domaines où la psychosociologie joue un rôle important. Il a marqué de son empreinte les évolutions des thérapeutes, des pédagogues et aussi plus largement les relations entre managers et collaborateurs, entre les membres d’un groupe de travail.
Dans ce qu’il appelle « la
relation de face à face », Rogers fait remarquer
que, pour initier un véritable dialogue, les locuteurs doivent d’abord se
situer sur le même canal, c’est-à-dire se comprendre pour éviter que leur
communication soit brouillée (monologue ou dialogue de sourds)
Son domaine d’investigation est
donc d’abord la communication, la façon dont elle
s’élabore, souvent de façon inconsciente, et le réseau de communication
utilisé.
2- Coopération et dialogue
Principe de la communication
Il existe plusieurs niveaux de
coopération active pour établir un dialogue :
- Respecter les conditions matérielles d’une bonne écoute, dans le langage utilisé : éviter les termes techniques, toute phraséologie que l’autre ne comprendrait pas, rester clair et simple dans son élocution et éviter tout effet inapproprié (monter le ton, parler pour soi-même, "dans sa barbe"...)
- Avoir une gestuelle adaptée qui n’est pas susceptible de gêner l’autre : jouer avec des objets, prendre des attitudes, des mimiques difficiles à interpréter. Rogers constate que beaucoup des échecs de la communication proviennent des interprétations négatives de l’autre à qui on prête des a priori négatifs, des objectifs cachés. Rogers a constaté les effets pervers, dévastateurs des accusations sous-jacentes de manipulations, les idées faites, les intentions prêtées à l’autre qui entraînent dans un cercle vicieux, voire dans des relations perverses qui hypothèquent la relation et mènent à l’échec.
- Se cadrer sur le mode de communication de son interlocuteur, avoir une attitude de coopération, d’accord direct, une sympathie active que Carl Rogers appelle l’empathie, avec l’objectif de mettre en confiance la personne, de l’accompagner et de l’aider ainsi à s’exprimer.
- Avoir une écoute active, faire savoir à l’autre par des gestes simples, par le regard, par tous les canaux des sens que l’on possède, qu’on l’écoute vraiment et qu’on comprend ce qu’il veut dire, qu’on comprend sa position, ses difficultés, tout ce qui permet de faire savoir à l’autre qu’on le reconnaît comme un partenaire à part entière.
- C’est l’osmose entre ces deux attitudes, dans l’écoute aussi bien que dans l’intervention, dans la prise de parole, l’interaction qui en découle que Rogers appelle la congruence.
L’essentiel est de valoriser son
interlocuteur par le geste, la parole et l’écoute, le reconnaître comme son
semblable, son égal et satisfaire ainsi son besoin de reconnaissance, son égo.
Comme l’a montré Harold J. Leavitt dans ses expériences, tout dans
le comportement participe à la communication, renseigne l’autre sur notre
volonté de dialogue. Leavitt prenait l’exemple d’un participant qui devait
reproduire une figure géométrique en recevant des directives de quelqu’un qui
le regardait puis lui tournait le dos, qui pouvait ou non poser des questions.
Et le désarroi du dessinateur qui ne pouvait dans le cas limite ni voir son interlocuteur ni lui poser des questions. De là s’explique l’importance que donne Rogers à la communication non verbale. D’où également l’importance de la compréhension – saisir la pensée de l’autre dans toute sa complexité, l’obliger à préciser ce qui n’est pas assez clair - par des "reformulations" successives qui permettent de bien cerner les nuances de son raisonnement.
Et le désarroi du dessinateur qui ne pouvait dans le cas limite ni voir son interlocuteur ni lui poser des questions. De là s’explique l’importance que donne Rogers à la communication non verbale. D’où également l’importance de la compréhension – saisir la pensée de l’autre dans toute sa complexité, l’obliger à préciser ce qui n’est pas assez clair - par des "reformulations" successives qui permettent de bien cerner les nuances de son raisonnement.
On évite les incompréhensions, les
jugements à l’emporte-pièce et les procès d’intention en utilisant des
reformulations-types qui permettent de fixer les choses : « si je
vous ai bien compris... pouvons-nous en conclure que... » Chaque phase,
chaque moment de la discussion est ainsi verbalisé avant de poursuivre ou
d’approfondir. L’accent est mis sur l’importance de l’utilisation dynamique des
canaux sensoriels, repris par des pratiques comme la PNL, qui oblige chacun à un effort
de clarification, permet de se mettre à la portée de l’autre, d'être sur la
"même longueur d’onde", en phase avec lui comme les pignons d’un
mécanisme qui doivent s’emboîter au bon moment.
3- L’entretien semi-directif
Ces pré requis "rodgériens" ont été intégrés dans la méthode appelée « entretien semi-directif » qui repose pour tout animateur sur une intervention qui module la non directivité selon les moments d’un entretien ou d’une réunion.
- Une attitude directive sur le
fond : les objectifs non négociables qui sont annoncés et répétés, la
façon dont l’entrevue ou la réunion doit se dérouler, les objectifs qui lui
sont propres (prendre une décision de répartition des tâches avant la fin de la
réunion par exemple, et conséquence d’un échec) ;
- Une attitude non directive sur la
forme : les objectifs négociables (définition, délais, quantification) et
la façon de les atteindre, les moyens mis à disposition, les modalités à
prévoir (normes de quantité et de qualité, outils de prévision, de contrôle et
de suivi).
4- L’animation non directive
Schéma de non-directivité
Ce type d’intervention est surtout
utilisé pour l’animation de groupes de travail, de recherche ou de projet qui
ont reçu une large latitude d’organisation. On parle alors de groupe de base ou
de groupe ouvert. Dans ce cas, l’enseignant-animateur intervient aussi bien sur
le contenu que sur le fonctionnement du groupe.
Sur le contenu, formation et
information doivent venir en priorité du groupe, des interactions qui lui
permettent d’échanger, de mettre en commun les connaissances personnelles
(auto-formation), l’animateur étant là pour réguler les échanges, indiquer les
pistes de recherches, la documentation disponible et si nécessaire pour
recadrer les objectifs.
Sur le fonctionnement du groupe,
l’animateur utilise communément l’effet-miroir, c’est-à-dire renvoie au groupe
les difficultés rencontrées qu’il n’ose pas aborder –soit qu’il ne s’en croit
pas capable (sentiment d’échec), soit qu’il craigne de mettre en cause
l’équilibre atteint (sentiment de conformité).
Le rôle de l’animateur non directif
consiste à laisser au groupe le maximum d’initiatives (en fonction de sa
maturation) en procédant par questionnements successifs, à prendre de la
distance pour s’impliquer le moins possible et éviter ainsi les effets
projectifs (renvoyer sur le groupe sa propre affectivité).
Voir aussi la synthèse sur le site Psychosociologie-Pédagogie : Relations humaines
Voir aussi la synthèse sur le site Psychosociologie-Pédagogie : Relations humaines
Bibliographie
- Peretti, A. de, Les contradictions de la culture et de la pédagogie, Paris, Éditions de l’Epi, 1969, 298 p
- Carl Rogers et la non-directivité dans Information psychologique (Bruxelles), no 48, 1972
- Puente, M. de la. Carl Rogers : de la psychothérapie à l’enseignement, Paris, Éditions de l’Épi, 1970, 373 p
- Jean-Daniel Rohart (dir), Carl Rogers et l'action éducative, Chronique Sociale, 2008, 223 p. (ISBN 2850085936)
- L’entretien de face à face dans la relation d’aide, Roger Mucchielli, Paris, ESF éditeur, 1969, réédition 1998 (ISBN 2-7101-0990-5)
- Carl Rogers, La relation d'aide et la psychothérapie, ESF éditeur, février 2010, 242 pages
- Carl Rogers, Psychothérapie et relations humaines, ESF éditeur, octobre 2009, 160 pages, (EAN 978-2-7101-2046-9)
Articles connexes
Liens externes
- Rogers : Perspectives
- L'approche centrée sur la personne
- L'animation non-directive constitue-t-elle l'avenir de la formation ?
<<< Christian Broussas -
Non-directivité - 19/02/2010 - • © cjb © • >>>
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